pour le théâtre
Ode à l'art qui a dynamité mes préjugés, mes oreilles et les murs des locaux de répétitions ! A une époque où les salles de rock et de jazz constituaient mon principal univers codifié et enfumé, je découvre un autre "endroit des possibles" : désormais les arrangements seront en 3D et les compositions des mises en scène sonores, rien que ça !
L'endroit de l'expérience, des dispositifs, de la spatialisation, des structures musicales impensables et pourtant, de l'incarnation, de la révélation, de la sublimation réciproque, du non-dit exprimé, des contraintes et de la transformation, de l'indicible et de l'exagéré ! Non ce n'est pas une note d'intention pour obtenir habilement des subventions (sinon j'aurais ajouté "qui interroge"), non, c'est, pour le compositeur curieux, une dimension de plus qui s'invite dans son imaginaire chercheur, c'est la musique qui renouvelle constamment ses rapports à l'espace, au texte, aux voix, à l'image, au corps en jeu, au temps et au public (sans qui etc ...)
Playlist / Extraits de spectacles
DEUXIEMEs VIEs
Concert hybride, spectacle multiple, cette création est née d’une commande et d’une question sur le devenir des musiques de scène en général et des miennes en particulier, puisqu’elles ont la caractéristique de n’avoir d’autre support que le plateau de leur heureuse représentation ni d’autres temps d’écoute que celui unique de leurs éphémères tournées. Imaginer les porter autrement en scène le temps d’une traversée de textes qui ont marqué mon parcours et de musiques associées représentatives de mon univers a fait surgir un fil rouge qui interroge le processus de création avec ses évidences et ses tourments, et fête le miracle de l’instant présent qui est l’essence même du spectacle vivant.
Un spectacle original et unique (à priori sans précédents) plébiscité par un public touché par la puissance et l’éclectisme des textes choisis, de Racine à Laurent Mauvignier, et par le dispositif scénique de choix, talentueux et généreux, avec autour de JC Sirven piano et machines, comédien•ne et chanteuse, danseur•euse, batteur, quatuor à cordes, videaste live et création lumière.
2024 / Création Festival Imprudences / Théâtre Jacques Coeur Lattes
PEAU D'ANE
La Fête est finie
Prix 2023 Compositeur Musique de scène catégorie Théâtre du Fond SACD
Il s’agit ici de l’adaptation libre et engagée du conte Peau d’âne, qui tout en gardant l’esthétique du merveilleux et du fantastique des contes se laisse pertinemment traversé par les questions de la parole dans les violences familiales autant que par les questions de genre. La pièce repose sur trois actes avec chacun son style et son propos musical. La première partie est un travail autour du 2e Prélude et Fugue du Clavier bien tempéré de Bach, avec une exploration pour quatre mains et deux acoustiques différentes créant plusieurs plans d’écoute, dans une écriture parfois fidèle, parfois sérielle qui peut évoquer Reich ou Glass. La deuxième partie est un road trip qui évolue dans un grand rêve où le temps se rythme autrement dans une esthétique plus électro. La troisième partie enfin est celle du procès dans une longue plage solennelle et répétitive et progressive vers le verdict.
2023 / création Théâtre Jean Vilar Montpellier
DANS LA FOULE
Une pièce adaptée du roman de Laurent Mauvignier et m.e.s par Julien Bouffier qui voit au plateau cinq acteurs et 3 langues différentes (anglais, italien, français) raconter leur traversée du drame du Heysel, d’une communion détruite par le hooliganisme, du chemin de la reconstruction, de la solitude et de l’amour. Comme souvent dans les mises en scène de J.Bouffier, la musique est un élément dramaturgique à part entière. Chaque personnage a son thème et ses variations, mais l’idée de départ a été ici de travailler autour de l’Hymne officiel de la compétition, tube s’il en est, inspiré de la pièce sacrée de Haendel "Zadok the Priest". Sont jouées plusieurs versions de cet hymne, de la plus célébrative à la plus décharnée, de la plus pop à la plus fantomatique. Sont convoquées des cordes frottées au crin, des anches souffrantes et des percussions à fleur de peau, ainsi que des sons évoquant directement l’univers de ces années 80.
2021 / Création Printemps des Comédiens / Reprise Théâtre Paris Villette
DE VOS YEUX
3eme volet de la pièce Andy’s gone de MC Verdier m.e.s J. Bouffier, cette fois-ci revisitant le thème d’Orphée. Un dispositif immersif * et pensé au depart pour les lycées et qui a pris place dans les saisons théâtrales. La musique, plus encore que dans les parties précédentes tient, de part son thème (Orphée), un rôle dramaturgique premier. L’univers sonore s’apparente à un style globalement rétro-futuriste et me permet d’assumer les sonorités référencées 80 qui ont bercé mes oreilles d’enfants autant que les oscillateurs de mes premiers synthés, le tout mêlé à des pianos acoustiques ou à du sound design plus expérimental. L’occasion aussi de tester le binaural pour les voix off et les nappes grands espaces, et l’impression cinématographique n’est plus très loin pour un spectacle qui reste très incarné par ses acteurices en chair au plateau ! Une expérience.
* Casques sans fil pour le public
et micros cravates HF pour l’acteur et l’actrice
2022 / création Festival Avignon Off / Le Train Bleu / Fest Villeneuve en scène
LA FAILLE
Fait peu courant dans le théâtre (ne boudons pas notre plaisir), La Faille est la suite plébiscitée par le (jeune) public de la pièce Andy's Gone de MC Verdier m.e.s de J Bouffier. La pièce reprend le dispositif immersif inauguré dans le volet précédent, à savoir chaque spectateur écoute les voix des comédien.ne.s à travers un casque sans fil ainsi que, luxe absolu pour un compositeur de spectacle, la bande son en stéréo directement dans ses oreilles ! Plaisir de composer des morceaux comme une musique de film dans ces conditions, avec par rapport à la pièce de référence un enrichissement de chansons chantées en live.
2020 / création Festival Villeneuve en scène
BERENICE
CONCERT
Il s'agit d'une aventure ambitieuse conçu par la metteuse en scène et comédienne Vanessa Liautey avec cette adaptation du drame de Racine, dont elle assure avec exigence le rôle titre, en version concert, c'est-à-dire ici au plateau deux pianos à queue dont un préparé, des machines de traitements et sampling, une guitare électrique, en tout cinq acteurs -chanteurs ou -musiciens face public avec micros sur pied. Le défi fut évidemment de ne pas sur-musicaliser la rythmique inhérente aux alexandrins et, tout en se conformant aux règles de versification classique, de retrouver une parole intime, sans parole projetée, dans un parler-chanté moderne et sensible. Inspiré d'univers de chansons progressives entre Nick Cave et Trent Reznor, le style s'est affirmé dans ce que j'ai auto-proclamé, puisqu'il le faut, Drama Pop.
2018 / création Festival Imprudence - Théâtre Jacques Cœur (34)
ANDY'S GONE
Andy’s Gone est une pièce écrite en français du Québec par Marie-Claude Verdier autour du mythe d’Antigone, pensée au départ pour les dispositifs de tournées en collèges et lycées en évitant la logistique d’une sonorisation impossible dans des bâtiments scolaires. Transposé dans un univers technologique propre aux ados (réseaux sociaux etc), le drame a séduit un public plus large et joue depuis également dans un réseau théâtre tout public.
Première expérience pour moi de diffusion « immersive » (spectateurs équipés de casques HF et actrices microtées), ou plus égoïstement le plaisir de composer en s’amusant avec la stéréo au plus près des oreilles des spectateurs ! Avec une bande son conçue comme une musique de film c’est aussi la découverte pour moi du sound design et d’une conduite « au cordeau » par rapport à l’action au plateau puisqu’il n’y a pas de montage à posteriori possible. Un vrai kiff comme ne disent pas les jeunes de cette fiction idiomatiquement québécoise.
2016